Fin du suspens ... Patita est rentrée chez elle, en Limousin, et dans un état de fraîcheur remarquable !

Bon. Maintenant , tout le monde est au courant ...

Cependant, vous avez bien remarqué que le rédacteur a eu du mal à alimenter régulièrement le blog, pendant le voyage . Aussi va-t-il s'employer maintenant à combler les vides ...

Le blog continue , donc, mais pas forcément dans l'ordre chronologique (ce serait trop simple !).  

Chaque article sera daté, et, pour vous y retrouver, vous pourrez revenir à cette page et consulter la carte ci-après :

C'est clair ? Bon, alors , on y va !

Je vais essayer de rattraper un peu mon retard, je sens monter la rumeur des reproches ...

Voici donc un petit aperçu rapide de Mourmansk , on y reviendra peut-être plus tard quand j'aurai retrouvé le confort de mon bureau bien rangé (!) ...

La ville est bâtie autour du porteur des collines assez élevées (les pentes sont rudes pour une vieille 2cv fatiguée ! Il y règne une ambiance d'activité intense, les gens se bousculent pour se rendre au boulot en bus ou trolley, pas mal de voitures aussi, mais ce n'est pas St Pétersbourg !

Les grands ensembles de logements qui l'entourent se cantonnent dans le gris, mais dans le centre , on sent qu'un effort a été fait pour donner dans les couleurs vives, en hiver, ça doit réchauffer l'atmosphère (la température peut tourner autour de -40°) mais là, avec un petit 29/30°, ça prend des airs Cubains (non, j'exagère ...)

La gare est verte :

La gare maritime, elle, est bleue. 

Le port , lui même, ou se manipulent des quantités impressionnantes de charbon, a aussi choisi de colorer ses équipements (grues , barrières , engins, locomotives) mais la poussière de charbon reste noire ...

La pollution, quand on approche de Mourmansk par la route du sud est omniprésente autour des usines d'où partent de longs trains de marchandise.

Une des grandes attractions, pour les touristes , est le premier brise-glace géant à propulsion nucléaire qui libère en hiver les accès au port de Mourmansk , en été , il se visite (Sauf le jour où j'ai voulu lui rendre visite ... les visites ont été annulées ... pas de chance)

Je n'aurai donc vu le Lénine que de l'extérieur , Patita a bien tenté de s'en approcher mais n'a pu franchir la barrière du port pour une photo au pied du colosse ...

Un petit tour (toujours sur des pentes impressionnantes) des abords de la ville m'a mené dans une jolie petite église en haut d'une colline

Sur la colline voisine se trouve l'immense monument à la mémoire des soldats de la dernière (?) guerre , impressionnant !

Près de 1200 km séparent Saint-Pétersbourg de Mourmansk (et, en plus, j'ai fait des détours !) . Je suis maintenant sur LA grande route qui relie les deux villes .

Il y a du monde, mais moins de trafic que je ne le craignais et je suis agréablement surpris par le comportement des automobilistes Russes ...Il faut faire attention quand on roule comme moi dans une petite voiture lente (je m'impose de ne pas dépasser le 70 kmh pour ménager Patita ), une fois qu'on a compris les règles du jeu, il n'y a pas de problème: ne pas laisser trop de place à droite pour éviter de se faire doubler par là (!) rester vigilant sur ce qui arrive (parfois très vite) par l'arrière et se laisser doubler sans essayer de faire la course (mais comment le ferai-je ?)

Coincé derrière la 2cv dans une longue côte, à 30 à l'heure, l'automobiliste Russe (et même le camionneur !) patiente, et ne double que quand il en a la possibilité ...les lignes continues, les panneaux "défense de doubler" sont là pour rappeler qu'il y a des règles, pas pour en imposer le respect, mais dans l'ensemble , je n'ai pas vu de situations rocambolesques et périlleuses telles qu' Internet diffuse régulièrement . En fait , c'est aux abords des grandes villes que le risque de se faire accrocher est le plus grand, sur la route , c'est plus cool.

Quand la route est bonne (neuve, même), le problème, c'est l'ennui . Je tiens mon petit 50 de moyenne mais le temps peut paraître un peu long ! Il fait toujours aussi beau et la température baisse peu, malgré la latitude . Régulièrement, une station météo vous donne la température de l'air, du sol, la force du vent, affichés sur un portique : voici ce que j'ai pu voir , quelques kilomètres avant de franchir le Cercle Polaire :

Cette année est la plus chaude et la plus sèche depuis ...la nuit des temps . Pour la première fois depuis que je voyage dans les "pays de l' Est" je n'ai pas trouvé le moindre champignon depuis mon départ , la mousse est sèche et sèche comme un vieux paillasson !

Le Cercle Polaire ! Un petit pointillé sur la carte qui en a fait rêver plus d'un ...Nous y voici :

Patita a donc atteint le Nord du Nord de l' Europe, celui qui a acheté neuve cette petite voiture (et dont je ne sais rien) serait bien étonné de la voir là 60 ans plus tard !

La plupart du temps, on roule entre deux forêts, parfois dans une trouée, apparaît un lac ou une rivière . Il est assez difficile de sortir s'écarter de la route (pas de chemin, des marécages) et c'est problématique pour le camping-sauvage que je pratique dès que possible . Les routiers s'entassent sur des parkings sans aménagements et sans attrait, et ça ne me dit rien de m'installer là . C'est pourtant ce que j'allais faire le 29 juillet quand un improbable panneau "Camping" apparaît. Le camping est encore plus improbable que le panneau : quelques maisons de bois en piteux état ou des Russes passent leurs vacances en famille, et puis un fouillis de barques , une remorque cassée, un tas de bois mal entassé ... c'est là que je m'installe auprès d'un splendide camping-car Hollandais , genre baroudeur .

Anh et Philip m'invitent à leur bord où je passe une excellente soirée . Ils suivent le même que moi (à peu de chose près) mais en sens inverse et se dirigent donc vers Saint-Pétersbourg . Je dois reconnaître que leur véhicule a du charme, loin des gros machins luxueux qui encombrent souvent le paysage, un peu gros pour moi, quand même , mais sympa .

Pour en revenir au camping, malgré son aspect délabré, il est doté d'un bâtiment tout neuf ou se trouvent des sanitaires, une douchent même un sauna dernier cri ! Par un ponton de bois , on peut aller piquer une tête dans un petit bois ou aller se faire un petit barbecue sur une terrasse couverte sur pilotis ...

Le patron n'a jamais voulu me faire payer (!) ...Je pense qu'il a dû me prendre pour un indigent quand j'ai voulu lui demander de m'expliquer la valeur des pièces Russes que j'avais (en quantité) dans mon porte - monnaie . J'ai eu beau lui montrer que je possédait aussi des billets , rien n'y a fait ... Je suis même reparti avec une bouteille de 5 litres d'eau minérale et un pin's de la Russie .    Merci à lui , donc ...

Les paysages sont toujours très beau et, si j'ai tout loisir de les admirer, je ne peux pas toujours m'arrêter pour les photographier . 

J'ai remarqué en Russie une particularité qui concerne  ... les cimetières ! Souvent assez loin des villes , desservis par des autobus dont on voit les passagers descendre les bras chargés de fleurs, ils sont implantés dans les forêts, c'est très joli et ombragé ...

Voici comment, kilomètre après kilomètre, Patita se rapproche de Mourmansk... Allez, en cadeau, une maison de bois à l'écart de la route en attendant de nouvelles aventures !

La route de plus de 1000 km qui relie Saint-Pétersbourg à Mourmansk est moderne (en grande partie, le reste , encore en travaux , est épouvantable !), bientôt elle sera terminée et la circulation y sera confortable . Des ponts ont été construits, des stations - service dernier cri proposent comme partout du carburant, et de l'épicerie ... 

Bercé par le ronron de Patita et un peu abruti par la chaleur , j'ai décidé de faire un petit crochet et d'entrer dans une de ces villes que la nouvelle route évite soigneusement: Seghezha.

La petite église, à l'entrée de la ville, a été fraîchement repeinte de couleurs vives. Je m'arrête pour la photographié et suis saisi par une sensation étrange , je viens de plonger dans le passé ! 

La photo est jolie ...mais à quoi ressemble l'autre côté de la rue ? A ça  :

Le ciel est masqué par les fumées de l'usine de cellulose qui vous irritent la gorge , et l'odeur ...

Personne cependant ne semble y prêter attention et tout le décor me paraît figé dans le passé . Ici , les gens roulent encore en Lada, sur la nouvelle route, ce sont des Mercedes, des BMW, des Audi qui me doublent, parfois même une Bentley ou une Maserati . 

Les rues sont souvent défoncées, les immeubles d'habitation bien fatigués , et quand j'ai voulu aller voir la mer (ou plutôt la lagune ) je n'ai pu ni y accéder ni même l'apercevoir, elle est derrière l'usine et la caserne et Patita a dû faire demi-tour ...

Je vous livre cette série d'images brutes...pour ma part, je suis sorti de là comme on sort d'une salle de cinéma où est projeté un film " d'époque ".  

Patita ne dénote pas trop dans le paysage...

Fais attention, Patita, il y a peut-être un piéton qui va traverser !   :)

27 juillet (suite)

Donc, me voici à nouveau seul (avec Patita, quand même), Martine est partie dans son avion  et je reprends ma route... Premier objectif, atteindre l' Hôtel Four Seasons Lions Palace  pour y rencontrer le fils de l'ami Alain(dit Ernesto) qui y travaille , ça, c'est plutôt sympa. Mais pour y arriver je dois traverser la moitié Sud de Saint Pétersbourg ...embouteillages, travaux, accident qui bloque tout ...et Patita qui pétarade et cale. On avance par bonds de cinq mètres, on attend , ça redémarre et ça pile net ...Pour corser l'affaire, Albert refuse de trouver cet hôtel, même sa rue, il l'ignore ...Enfin, je sais que c'est dans le centre, je vais dans le centre , et par déduction, je m'approche de l'hôtel ...à 300 mètres, la mémoire revient à Albert "Bon sanglais c'est bien sûr !" . Patita est garée devant l'entrée du Palace , le voiturier n'en croit pas ses yeux ...et je peux me faire annoncer par la réceptionniste !

Très bien accueilli, je passe un agréable moment et repars chargé d'un "pique-nique" de grand luxe ( Photos à voir sur ma page Facebook).

Et me voici en quête de la sortie Nord de la ville, cette demie-traversée est aussi longue et douloureuse que la première . Depuis ce matin, je passe le temps en me disant "Martine  est à l'aéroport. ... elle est à l'embarquement ... elle décolle ... elle somnole dans l'avion ...elle va bientôt atterrir " et moi, je suis toujours dans les embouteillages, Patita souffre et je souffre avec elle .

En fin de compte, j'aurai mis plus de cinq heures pour quitter Saint Pétersbourg !

Je me retrouve dans une jolie campagne vallonnée, sur de petites routes poussiéreuses mais agréables, je respire.

Dans un bois, je trouve un coin à peu près tranquille pour déjeuner : énormes sandwiches au garnitures variées , frites, salade, sauces ....

Après cet intermède, les choses se compliquent : la route devient mauvaise par moment, voir très mauvaise. Il y a des traçons tous neufs puis on retombe brutalement dans la caillasse et la poussière.

Evidemment, pour les passages les plus durs, je n'ai pas de photos :trop occupé à guetter les pièges, je ne vais pas , en plus m'arrêter pour en immortaliser l'image .

C'est dur, mais c'est joli, on traverse des rivières, on longe des lacs où des enfants se baignent ..

Il y a des villages avec de jolies maisons...

Chaque fois que je me crois tiré d'affaire et enfin arrivé au bout du chantier, je retombe de haut : passages défoncés, longue attente devant un feu rouge, kilomètres de poussière derrière un camion , etc . 

Une petite route alterne de bons passages et des ornières caillouteuses , et , tout à coup, j'aperçois la belle route toute neuve de mes rêves , je descends vers elle en diagonale, la jonction n'est pas loin ...freine, Patita ! Il y a un profond fossé en travers de ma route, et il ne date pas d'hier , il est plein d'eau et des roseaux y poussent ! Aucune signalisation ... Un chemin part dans le bois, je me dis qu'il doit contourner l'obstacle : cul de sac après quatre kilomètres acrobatiques ! Retour sur mes pas, je trouve un endroit ou Patita peut passer , une grande marche à descendre ...elle ne l'aurait pas franchie dans l'autre sens ... Ah oui, j'oubliais , le cardan droit grince bien fort, par moments ...

Vers 21 heures, je trouve un chemin défoncé qui m'écarte de la route et s'enfonce dans un chantier forestier : j'y jette Patita , je passerai la nuit là . Fatigué : il y a plus de 12 heures que j'ai quitté mon hôtel ... J'ai parcouru 302 kilomètres .